J'étais allé chercher la moto de mes rêves dans la concession Honda Coll de Perpignan , ma première acquisition avec mes sous gagnés le dimanche en travaillant comme plongeur-serveur dans un restaurant local. Une fortune mais l'outil de la liberté; l'outil de l'évasion qui est arrivé par camionnette juste devant la maison de mes parents. Elle avait 1000 kms et n'était donc pas neuve comme je le croyais (première déception d'une longue série avec des professionnels !!) mais peu importe, rutilante et rouge elle était à moi et attendait sagement que je finisse d'obtenir le permis A1... Je passais la voir tous les jours dans le garage et puis j'ai eu l'autorisation parentale de faire des tours dans la vigne pour m'habituer à la boite de vitesse entre autre : quel changement par rapport au Peugeot 101 ! de la puissance à revendre... J'avais préparé toute la piste autour de la vigne du voisin en déblayant caillou après caillou le chemin de terre et je n'en finissais pas de tourner autour de cette vigne heureux comme un pape !
A force de la voir...et de connaître par coeur la moindre parcelle de ce chemin de terre, j'ai voulu aller plus loin dans la quête de mon aventure chevaleresque !
J'ai eu la bonne mauvaise idée de la sortir le soir quand les parents dormaient et je roulais roulais inconscient que j'étais. Mon père s'en est aperçu en regardant le compteur mais avait promis de ne rien dire à ma mère...et puis un beau soir, en roulant un peu vite, j'ai fait un tout droit dans un virage. Ayant eu peur (si j'avais rencontré une voiture mais encore plus si si j'avais du me réveiller sur un lit d'hôpital en devant expliquer à mes parents comment je me trouvais dans ce virage...), j'ai sagement décidé de ne plus l'utiliser de nuit (enfin j'aurais préféré de jour) à cause de la faible loupiote à l'avant et d'attendre le petit papier rose.
Déjà à 16 ans j'enfreignais les lois !! Le mythe du rebelle se dessinait petit à petit...
Première moto avec boite de vitesse, une vitesse de 75 km/h (90 en descente !!), chahuté de tous les côtés quand les camions me doublaient mais c'est le premier engin qui m'a quand même permis de m'évader hors de mon département d'alors (les P.O).
Mon plus long trajet a été Perpignan-Montpellier en... 4 heures (en comptant les arrêts essence et paysage - Salses, Narbonne, Sète etc...). J'étais fier comme un paon quand je suis rentré dans la cour de l'internat du lycée Joffre : 16 ans et une moto alors que les copains avaient déjà une voiture (oui j'étais un peu surdoué en avance... ) le seul truc c'est que pour draguer c'est pas le top... et puis le blouson, le casque, bref, un peu la galère d'un Martien quand les autres ne mettent que la clef de contact et partent musique en stéréo. Moi je n'avais que le bruit du vent dans les oreilles et beaucoup de rêves (qui ont fini par se réaliser...). J'ai gardé cette moto une toute petite année, histoire de me familiariser avec le maniement d'un deux roues et d'amasser de l'argent... pour la suivante. Non pas que je m'ennuyais mais la poignée droite vissée à fond, je trouvais le temps finalement long derrière les voitures et les camions...J'allais déjà plus vite qu'avec la mobylette mais ce n'était déjà plus suffisant; ça y est j'avais mis le doigt dans l'engrenage...
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